Veuves, figures de l'humanité
Ces femmes sans mari, sans espoir de nouvel enfant, ces veuves sans ressources (elles ne peuvent hériter de leur mari), sans sécurité, sans avenir, sans défense, ces femmes qui ne survivent que grâce aux dons et à la mendicité sont si souvent mentionnées dans la Bible qu'elles défieraient toutes les statistiques si on comptabilisait les femmes mariées par rapport aux veuves ! Que signifie donc l'insistance des biblistes à les évoquer ?
Parce qu'elles ont appris à aider plus pauvres qu'elles, à entendre les appels qui leurs étaient faits, à ne compter que sur Dieu seul (qu'elles ont souvent rencontré par l'intermédiaire d'un prophète, d'un hôte, d'un parent…), elles représentent l'humanité qui a pris conscience de sa vulnérabilité, de sa pauvreté, de sa dépendance et qui se confie au seul Seigneur. Leur écoute, leur disponibilité en font des témoins que les Prophètes, les Evangélistes nous présentent souvent comme des modèles de confiance, de foi, d'espérance et de charité, comme l'image de l'humanité, croyante ou non, en quête d'autre chose, en quête d'amour, en quête de Vie, en quête de Dieu : les textes étudiés ici le disent bien.
Trésor du Temple
Où que soit exactement situé ce Trésor, il est dans le Temple, là où l'on vénérait la présence de Dieu, là où Jésus enseignait si souvent : « Chaque jour j'étais parmi vous dans le Temple à enseigner » (Mc14,49). Jean spécifie que c'est au lieu dit « du Trésor » dans le Temple (Jn 8,20) que Jésus révèle qu'il est la Lumière du monde, qu'il est le Fils du Père, que c'est là qu'il annonce sa mort. C'est dire l'importance de ce lieu pour y situer l'offrande de cette pauvre veuve qui donne de sa pauvreté, qui y « jette tout ce qu'elle avait, toute sa vie » (traduction littérale du grec). Mais c'est justement dans le Temple, là où les Israélites rencontraient Dieu, que l'opposition aux paroles du Christ se fait la plus vive, que se trament l'arrestation et la mort de Jésus.
Le récit de l'obole de la veuve se situe chez Marc, comme chez Luc, très peu après que Jésus en ait chassé les marchands, et juste avant que Jésus n'en annonce la destruction. Ce Temple de pierres n'était que provisoire. Le Christ l'avait annoncé : « Détruisez ce temple, et en 3 jours je le reconstruirai. »(Jn2,19) Le temple de pierres peut s'écrouler, un autre est en train de s'élever sur la pierre angulaire qu'est le Christ ressuscité et autour de son Trésor. La richesse de ce trésor, ce ne sont pas les offrandes matérielles, mais les vies données de tous ceux qui aiment Dieu et les hommes de tout leur cœur, devenant ainsi les pierres vivantes de l'Eglise. « Là où est ton trésor, là aussi est ton cœur ».
La veuve en donnant de sa pauvreté; en donnant toute sa vie est, elle-même, devenue une partie de ce Trésor. Donner sa vie construit le vrai Temple.
Les deux veuves, figures prophétiques du Christ
Il ne restait plus à la veuve de Sarepta qu'à mourir, après avoir partagé son dernier repas avec Elie ; il ne restait plus à la veuve de Jérusalem qu'à mourir après avoir donné tout ce qu'elle avait pour vivre. Le geste de l'une comme de l'autre semble sans retour, et pourtant :
· La première, une païenne, reçoit la promesse à dimension universelle que farine et huile seraient données à satiété jusqu'à la fin de la sécheresse.
· La seconde, qui ne reçoit ni satisfecit ni promesse de la part de Jésus, est citée en exemple aux disciples pour avoir donné toute sa vie ; et cela juste au moment où Jésus va donner la sienne dans la dernière Cène avec ses disciples, avant de la donner sur la croix. Le destin de cette veuve serait-il tellement lié à celui de Jésus qu'il n'est plus la peine de dire que pour elle aussi, comme pour la veuve de Sarepta, pour l'humanité qu'elle représente, farine et huile (symboles de vie) seront donnés à jamais dans le pain eucharistique comme par l'huile des sacrements.
L'histoire de l'une et l'autre veuve ressemble fort à une parabole de la Passion du Christ, à déchiffrer, à méditer.
Offrandes des deux veuves, offrandes de la messe
Donner une galette à partager comme la première veuve, donner 2 piécettes comme la seconde, voilà qui nous fait penser aux offrandes (pain et quête) apportées à la messe. Mais l'important ne réside-t-il pas surtout dans la signification de ce geste pour chacune des 2 femmes, pour nous ?
Avec la galette, la première apporte tout ce qui lui permettait de vivre et de ne pas mourir de faim. Avec les 2 piécettes de rien du tout (deux « leptes » qui n'avaient même plus cours au temps de Jésus !) la seconde donne « toute sa vie »
Toutes deux en donnant tout, se sont données elles-mêmes. N'est-ce pas le sens des Offrandes à la messe, où chaque invité au repas du Christ s'offre lui-même avec les offrandes du pain, du vin, de la quête (offrande de soi dont rend bien compte, pour un enfant, l'offrande de résolutions, de prières, de réalisations faites en classe ou chez soi… apportées avec le pain et le vin lors de la procession des Offrandes) : « Que l'Esprit-Saint fasse de nous une éternelle offrande à ta gloire » dit le prêtre.
A la messe, chaque participant devrait avoir conscience qu'il donne tout de lui-même, avec sa pauvreté, ses manques… pour que la communion au Corps du Christ le transforme, l'incorpore au Corps du Christ : « Deviens ce que tu reçois » dit St Augustin.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire